4. REGIONS FACES CACHEES DU NORD
Le temple de Prasat Preah Vihear
Bien qu’il soit inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2008, la Thaïlande et le Cambodge se sont disputés le temple de Preah Vihear jusqu'en 2013, date à laquelle la Cour internationale de Justice l'a officiellement attribué au Cambodge. Même si des militaires sillonnent encore le site, ce temple dédié à Shiva offre plénitude et tranquillité. Il est d'une grande beauté, autant due à son architecture, faite de pierres sculptées, d'escaliers et de chaussées reliant les différents sanctuaires, qu'à sa situation géographique, assez isolée, en hauteur sur une colline dominant la grande plaine du Cambodge.
Le temple de Preah Vihear a été érigé durant l'Empire khmer au sommet d'une colline des Monts Dângrêk, à plus de 500 mètres d'altitude. Dédié au dieu hindou Shiva, et aujourd'hui temple bouddhiste, il se compose d'une série de sanctuaires reliés par un système de chaussées et d'escaliers s’étendant sur un axe nord-sud de 800 mètres. Le temple actuel date de la première moitié du xie siècle, bien que le site ait été occupé par un ermitage dès le IXème siècle.
Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO le 7 juillet 2008 pour son « architecture, adaptée à la fois aux contraintes naturelles du site et aux fonctions religieuses du temple, ainsi que pour la qualité des ornementations de pierre sculptée. »
L'UNESCO considère ce temple comme ayant "une valeur universelle exceptionnelle" et lui attribue ainsi le critère suivant : « Critère : Preah Vihear est un chef-d’œuvre remarquable de l’architecture khmère. Il est très « pur » dans sa configuration comme dans la finesse de ses décors. »
Situé sur la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande dans la province cambodgienne de Preah Vihear auquel il donne son nom, il est depuis 1953 la source d'un contentieux frontalier. Ce qui explique la présence discrète, mais visible, de l'armée cambodgienne sur l'ensemble du site.
Le site de Koh Ker
Entre 928 et 944, Koh Ker a été déclarée capitale de l'empire khmer. Durant cette très courte période, de nombreux temples ont été érigés, notamment le plus haut de tous, le pyramidal Prasat Thom, haut de 30 m. La nature ne fait plus qu'un avec les pierres des ruines : il est parfois difficile de distinguer le tronc d'un arbre d'un pan de mur. Une visite au cœur des temples de Koh Ker offre un sentiment de calme et de sérénité, bien loin de l'agitation touristique d'Angkor.
Parmi les monuments religieux anciens qui ne se trouvent pas dans l’enceinte d’Angkor Wat, figure le temple de Preah Khan dans la province de Preah Vihear. Son enceinte fait plus de cinq miles carrés, ce qui en fait le plus grand des sites religieux angkoriens. Preah Khan Kompong Svay est situé au nord-ouest du Cambodge. La ville principale au sud est Kampong Thom, tandis que la ville de Preah Vihear se trouve au nord. La forêt dans laquelle il se situe s’appelle Boeng Peae Wildlife Sanctuary. En raison son éloignement, ce complexe de temples n’a été correctement documenté qu’au milieu du XXe siècle. Il aurait été fondé au 11e siècle, probablement par Suryavarman Ier. C’était une résidence royale pendant le royaume de Suryavarman II et même Jayavarman VII y aurait vécu avant de reprendre la capitale de Yasodharapura.
Le site de Preah Khan Kampong Svay
Preah Khan Kampong Svay se trouve dans la province de Preah Vihear, et non à Kampong Svay comme son nom pourrait le laisser supposer. Il est également connu sous le nom de Prasat Bakan ou Bakan Svay Rolay. Le site a été ajouté à la liste provisoire du patrimoine mondial de l’UNESCO le 27 mars 2020.
Détail important : Preah Khan Kompong Svay n’est pas le même que le temple Preah Khan à Angkor (Siem Reap). À vol d’oiseau, la distance entre les deux sites est de 95 km. De plus, le célèbre Preah Khan n’est qu’un temple, alors qu’à Preah Khan Kompong Svay, il existe un certain nombre de structures et un grand baray.
Après quelques missions françaises au XIXe siècle, Victor Goloubew entreprend en 1937 des relevés aériens qui révèlent la véritable étendue du complexe. Le site n’a donc été redécouvert qu’à la fin des années 1930 et jusqu’au milieu des années 1990, il sera abondamment saccagé par les archéologues et les pillards.
Apparemment, ces derniers auraient même utilisé des équipements lourds tels que des excavateurs et, par conséquent, l’enceinte centrale, en particulier, ressemble à un désordre de pierres en ruine. Toutefois, l’abondance de végétation, la quiétude de l’endroit et ces « travaux abandonnés » confèrent à ce temple une atmosphère plutôt unique.
De nombreuses et célèbres sculptures khmères viennent de ce temple, comme la tête de Jayavarman VII qui est exposée au Musée national de Phnom Penh. Les sculptures et les gravures de Preah Khan Kompong Svay sont considérées par les experts comme des œuvres phares de l’art khmer.
Il est difficile d’imaginer ces complexes de temples dans toute leur splendeur abritant des dizaines de milliers de personnes dans les temps anciens. Preah Khan est aujourd’hui un endroit assez peu fréquenté en dehors de quelques locaux et paysans qui font paître leur bétail aux alentours.
Une grande partie de la forêt qui couvrait autrefois cette région du Cambodge a disparu en raison de l’exploitation du bois précieux à destination du Vietnam et de la Chine. Et pourtant, à la saison des pluies, les verts luxuriants des rizières et des palmiers, combinés aux modestes maisons en bois, offrent le paysage d’un Cambodge plus traditionnel et bien éloigné de la frénésie de développement des capitales provinciales. Pour s’y rendre, il est facile de prendre un taxi depuis Kampong Thom, Siem Reap ou Preah Vihear. L’appareil photo est bien sûr vivement recommandé.
Le temple de Beng Mealea
Beng Méaléa est un temple qui aurait été construit sous le règne de Suryavarman II, entre 1112 et 1152, contemporain au fameux Angkor Wat.
Son plan d’ensemble et son style auraient servi de modèle pour l’édification d’Angkor Vat. C’est à l’origine un temple Hindou mais quelques motifs sont bouddhistes.
Le site est situé à 42 km à l’Est de Siem Reap. La galerie qui fait clôture extérieure au temple forme un quadrilatère d’environ 180 m par 150 m, l’ensemble du site est entouré de douves (1 025 m par 875 m) larges de 45 m.
Son état présent est dominé par la jungle : les arbres ont poussé sur les tours, les racines et les lianes enlacent les colonnes. Les linteaux et autres blocs de grès de la construction jonchent le sol en piles gigantesques et exigent des visiteurs qu’ils les escaladent pour s’approcher de la tour centrale, elle aussi complètement effondrée.
Parmi ce fatras, on peut toutefois découvrir de très beaux reliefs qui évoquent des scènes du Ramayana ; « Sita dans le feu mettant à l’épreuve son innocence » et le « barattage de la mer de lait ».
Le cinéaste Jean-Jacques Annaud a choisi ce site comme décor du film Deux frères tourné en 2004.